jeudi 25 novembre 2010

Dans le creux de l’oreille

La sonnerie d’un téléphone a troublé le silence. J’ai froncé les sourcils comme tout le monde avant de réaliser que c’était le mien.
- Merci de bien vouloir éteindre vos téléphones portables !
L’objet du délit à la main, je traverse le Petit Palais en courant presque. À cette heure, je pensais trouver le café vide ; mais à une petite table ronde, une jeune femme seule fume une cigarette. Elle sourit à la silhouette bleutée d’un homme qui fait les cent pas de l’autre côté de la baie vitrée. Elle me voit ; elle éteint sa cigarette et se lève. L’homme a disparu. Elle se glisse alors derrière un pilier, extraie de sa robe étroite un tout petit téléphone qu’elle porte à son oreille, blotti dans le creux de ses mains et, les paupières baissées, son dos nu contre la pierre froide, elle écoute sans rien dire. J’entends des pas énergiques sur le marbre, le claquement du boîtier derrière le pilier. Elle jette un coup d’œil à son reflet, lisse une mèche rebelle avant de s’éloigner, tandis que la voix familière de mon répondeur annonce : « Vous avez un nouveau message. » C’était ma mère.
texte Eugénie Rambaud

7 commentaires:

  1. Joliment rythmé, très filmique !

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  2. La parisienne élégante et sensuelle est de retour!

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  3. jean-Marc Manusardi27 novembre 2010 à 12:28

    Comment dois-je l'entendre ??? 8-))

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  4. Qu'est ce qu'elles sont belles ces femmes que tu dessines Dorothea, j'adoooore!! J'aime vraiment ton style.

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  5. @Jean-Marc: disons que j'attends tes commentaires avec plus de fébrilité que la critique du Times le lendemain d'un opening sur Broadway...

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  6. Très joli, j'entends le téléphone qui sonne, et je sens la pierre froide dans mon dos......
    Encore bravo
    Déborah

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