jeudi 10 mars 2011

Lune d’hiver

    « Tu dis qu’il a rencontré quelqu’un d’autre ? »
Le crépuscule d’hiver violaçait la neige sale. L’amie, celle qui ne s’étonne de rien et compatit de tout, fixait des yeux ardents sur le visage de sa compagne. Un petit sourire crispé lui durcissait les lèvres. Les escaliers mécaniques du centre Georges Pompidou les soustrayaient progressivement aux lois de la gravitation, dégageant leur vue de l’encombrement des façades aux fenêtres illuminées, pour leur ouvrir le champ des monuments hérissées dans la nuit incomplète de Paris. Elles posèrent le pied sur le dernier palier. Les traces de doigts de milliers de visiteurs écrasaient le halo des lampadaires sur le canevas brouillé des rues.
« Et bien ! Tu es libre, maintenant, non ? »
Elle hocha la tête. Le vent d’altitude avait dégagé quelques étoiles et un bout de lune juste au-dessus de Notre-Dame. Sur le parvis du musée, un grand chien gris pleurait.
texte Eugénie Rambaud

5 commentaires:

  1. Et c'est à chaque fois meilleur. Te dire l'immense médiocrité des premiers...
    8-))
    Cela dit, je retrouve bien la crasse froide de Pompidou, OVNI mal vieilli qui méritait mieux qu'un quartier martyrisé pour accueillir ses bouches à air. J'ai toujours pensé que cette construction aurait été bien moins remise en cause si elle avait été érigée au beau milieu de nulle part, un grand vide avec plein d'espace autour pour la mettre réellement en valeur. C'eut été, par exemple, un parfait Musée du Crottin NIvernais, étonnamment posé dans une campagne plate, très plate, un sol à laitières comme en a vu chez Monet.

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  2. Les premiers seraient donc vraiment les derniers?

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  3. En vertu des pouvoirs qui ne m'ont toujours pas été conférés malgré une patience d'ange, je te fais Chevalière du Calembour Biblique.

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  4. @Eugénie : Mademoiselle chante le blues...
    @Dorothéa : c'est bien là ! Et on voit bien que l'escalator va les happer

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