Depuis le temps que Paul nous vantait les mérites de sa cheminée en plein Paris, nous étions enfin réunis tous les quatre dans son appartement par une glaciale après-midi d’hiver, les doigts engourdis et les joues brûlantes, pour apprendre qu’il nous était interdit de nous en servir. « Il faut la faire ramoner. » Paul a pour les choses pratiques un respect pointilleux.
« Bon, je vais faire du thé, ça nous réchauffera. » Léa disparut dans la cuisine, tournant le dos à ses grimaces tandis qu’il se mettait en quête d’un liquide plus revigorant. Sylvie s’était approchée de l’âtre froid et, appuyée au manteau de la cheminée, fixait d’un air songeur les bûches disposées pour une flambée. « C’est du vrai bois, tu penses ? » me demanda-t-elle en s’agenouillant. Elle attrapa sur un fauteuil un journal qui traînait, glissa sous les bûches quelques feuilles froissées, tira de sa jupe en tweed vert un petit briquet doré et, avec le même air d’application rêveuse, approcha la flamme du papier. Au premier crépitement, son visage s’éclaira d’une joie enfantine. Paul entra avec le plateau à thé. « Mais !... » Elle haussa les épaules. « Elle tire très bien, cette cheminée. » Dehors, il s’était mis à neiger.
texte Eugénie Rambaud
Bravo , tout à fait de circonstance
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