Sous un chapeau de paille, un joli minois blond, une bouche vermeille qui ne sait dire que non et des épaules frêles que le rire secoue. Ma Parisienne est un modèle du genre têtu. Je l’ai trouvée assise sur un banc dans la rue, le nez piqueté de tâches de soleil sous la paille de son chapeau. Avec mon appareil photo et mon plan de métro, j’avais tellement l’air de ce que j’étais qu’elle a cru que je me moquais d’elle ; puis elle a proposé de me servir de guide. Elle a couru devant moi sur ses jambes de sauterelles. Elle a posé à côté d’une colonne Wagram, recueilli dans sa paume un peu de l’eau glacée d’une fontaine, chassé les pigeons du parvis de l’Opéra, refusé de monter dans la grande roue des Tuileries, pris les sens interdits à vélo ; au milieu du Pont-Neuf elle m’a laissé sa main, sur le Pont des Arts elle m’a donné ses lèvres.
Le chapeau de paille est accroché à la fenêtre de ma chambre d’hôtel. Dans le ciel nacré d’octobre, le clocher de l’église Saint-Germain sonne l’heure. Ma Parisienne s’en fout ; elle dort, la main droite posée sur l’oreiller. Je dépose un baiser sur chacun de ses doigts repliés, et ses cils frémissent comme les ailes d’un papillon sur le point de s’envoler.
texte Eugénie Rambaud
(Ah, Paris de loin !)
RépondreSupprimerJe crois que c'est ma préférée. Je vous tire mon chapeau.
Ah oui. Du très bon. De l'inspiré. Du "dans son jus", un peu décalé question époque, un brin "Truffaut" – pas le pépiniériste de Parly 2, non... son côté clair-obscur de la chambre, avec geste lent et vol d'hirondelles en arrière plan sonore. Paris l'été. Ou ailleurs ? Ou toujours, partout, pourvu que...
RépondreSupprimerJe vois votre dessin... et je me sens au printemps malgré le froid environnant !!
RépondreSupprimerMerci de mettre du soleil sur mon écran en quelques traits ;)
Nimy