Voilà, il doit me retrouver à la station Louvre-Rivoli ; j’aurais pu lui donner rendez-vous directement sur le Pont de Arts, mais alors où était la surprise, pour un pique-nique sur le Pont des Arts ? Ce serait mieux si je pouvais nous arranger un joli coin avant qu’il arrive, j’ai pris les bougies ?, mais il faudrait que j’aille le chercher, et je ne peux tout de même pas laisser les affaires, comme ça, sans surveillance, avec le champagne, et le gâteau, et… Non, tant pis, il m’aidera à mettre la table. J’aurais dû lui dire de me rejoindre sur le pont. J’espère que je n’ai rien oublié. Le plaid écossais, le panier en osier, les flûtes, en plastique, j’aurais peut-être dû les prendre en verre ? Après tout, c’est un pique-nique, non ? Ça aurait fait nouveaux riches. Le champagne est toujours frais ? Avec cette chaleur on va le boire tiède. Je pourrais peut-être le rafraîchir dans la Seine. Hôtel-de-Ville. On m’a parlé d’un gars qui avait apporté sa table de jardin et puis deux chaises. Il avait des flûtes en verre, celui-là, sûrement. T’es gentil, en métro avec ma table, mes chaises, mon panier, mes bouteilles, et pourquoi pas la lune ? Pourvu qu’il ne pleuve pas. J’ai pensé au parapluie, remarque, ça pourrait être joli, la pluie. J’ai vu une goutte s’écraser tout à l’heure sur le balcon. On s’allongera sur le plaid pour regarder les étoiles, rester assis trop longtemps en tailleur ça donne des fourmis. Joyeux anniversaire mon amour, tchin-tchin, avec le plastique ça ferait plutôt toc-toc, j’ai pris un couteau pour le saucisson ? Au pire, si j’ai oublié quelque chose, on trouvera bien quelqu’un pour nous dépanner. Des gens qui pique-niquent, c’est pas ça qui manque le long de la Seine, en cette saison. Louvre-Rivoli. Je suis en avance, je vais aller faire du repérage. Le ciel est dégagé, j’ai l’air malin avec mon parapluie. Oh la la, y a foule. Qu’est-ce que… Mon Dieu, le pont est noir de monde. On ne trouvera jamais un m2 pour se poser. Pardon, pardon, si tu pousses pas ton pied, je l’écrase, pardon, aïe c’était des doigts, mince à la fin, c’est quoi l’histoire, y a eu une invit’ sur Facebook et je ne suis pas au courant ? « Excusez-moi, vous êtes venu pour quoi ? » Hm, des étrangers, évidemment. « Why are your here ? » Bon, laisse tomber. « Pardon, il se passe quelque chose de particulier ce soir ? Non ? C’est comme ça tous les soirs ? Ah bon. Oui, oui, je sais, c’est l’été. Merci. » Miséricorde. Ah, là ! Une place libre ! On tient à deux ? On se serrera un peu. Je m’assois, je ne bouge plus. Je vais lui envoyer un texto. Surprise ! Je suis sur le Pont des Arts, troisième banc en partant de la Rive Gauche. Voilà ! Comme ça il devrait pouvoir me retrouver. Tu parles d’un moment intime. Et les étoiles ? Avec les spots des bateaux-mouches et l’éclairage du Louvre, on se croirait en Russie pendant les nuits blanches. Heureusement on a du champagne. Et puis quoi, c’est l’été. Bonsoir. Oui, voilà, je me pousse… Ça sent bon, qu’est-ce qu’ils mangent à côté, de la terrine ? Avec tout ça, j’ai un peu faim, moi. Je pourrai peut-être... « Excusez-moi, je peux vous emprunter votre couteau ? En échange d’un rond de saucisson. » Ils sont charmants, mes voisins. À la vôtre. Je ne peux quand même pas ouvrir le champagne sans lui. « J’attends quelqu’un. » Oh ben, si vous insistez, je veux bien un peu de rosé. J’ai du pain si ça vous intéresse. Moi c’est Marie, et vous ? Finalement c’était une bonne idée. Coucou ! Coucou ! Ils ont l’air bien sur leurs péniches. L’année prochaine on pourrait faire ça en bateau-mouche. Le clapotis de l’eau, le vent sur nos visages, le reflet des lumières de Notre-Dame sur les vagues... Encore un peu de rosé ? Volontiers. Il arrive quand, mon ami ? Il ne va pas tarder. La nuit est belle, vous ne trouvez pas ? Moi je suis sûre qu’il aimera ça.
texte Eugénie Rambaud
et qu'il viendra! Bravo!
RépondreSupprimerTrès bon texte, ma Chère ! C'est un Académicien* qui vous le dit !
RépondreSupprimer* Enfin, pas encore tout à fait mais bon, le vert me va si bien... Les vers aussi, certes, sûrement. Mais je risque d'être trop cuit pour eux !-))
Merci Dorothé de me faire profiter de ce petit moment de fraicheur dans cette journée de travail. Vraiment très simpa et l'illustration bien réussie, le joli texte également. N'hésitez pas à remettre ça, je suis preneuse et j'en redemenande, c'est vraiment une bouffée d'air frais et d'humour qui fait du bien.
RépondreSupprimerBéatrice
et qu'il viendra! Bravo! /François
RépondreSupprimerTrès bon texte, ma Chère ! C'est un Académicien* qui vous le dit !
RépondreSupprimerMerci Dorothé de me faire profiter de ce petit moment de fraicheur dans cette journée de travail. Vraiment très simpa et l'illustration bien réussie, le joli texte également. N'hésitez pas à remettre ça, je suis preneuse et j'en redemenande, c'est vraiment une bouffée d'air frais et d'humour qui fait du bien.
RépondreSupprimerBéatrice
@Béatrice, géniale! alors là je prépare la suite avec enthousiasme.
RépondreSupprimer@François: Dorothea, je crois qu'il y a un message subliminal, là-dessous...
RépondreSupprimer@JM: Le vert, je ne sais pas, les vers je ne me prononcerai pas, mais le verre, ça, je suis témoin (pourvu qu'il soit plein)!