jeudi 5 août 2010

Pluie d’été



L’averse avait précipité les passants sous les porches et dans les cafés qui bordent la place de l’Opéra. Elle gravissait les dernières marches du métro en regardant le ciel. Un type l’a bousculée en dévalant l’escalier, la tête couverte d’un journal qui déteignait sur le col de sa chemise. A la dernière marche, elle a déployé un parapluie noir et resserré sous son abri bras et jambes qu’une robe d’été ne couvrait pas. La brutalité de l’orage avait vidé les Grands Boulevards. L’eau rebondissait sur le bitume, mouillant ses orteils nus dans leurs escarpins bleus.

Surgissant du boulevard de l’Opéra, un cycliste est passé devant elle, lentement. Sa chemise blanche lui collait au corps. D’un geste machinal il a essuyé la pluie que ses cheveux faisaient couler dans ses yeux. Elle a suivi du regard la silhouette qui slalomait sous le rideau opaque. Un coup de tonnerre a déchiré le silence sur les boulevards déserts. Un petit chien sans collier, sorti du métro, s’est assis à ses pieds. Il pleuvait toujours.

texte Eugénie Rambaud

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