La Parisienne s’épuise en sourires entendus.
Elle vous arrête d’une main ferme qu’elle reprend ensuite lentement, comme à regret.
Elle a aimé : votre costume sombre, le pardessus flottant, la cravate sévère, la sacoche en cuir que pour prendre l’appareil photo qu’elle vous tend, vous avez lâchée sur le tapis de feuilles mortes.
Dans la précision avec laquelle elle se pose sur le rebord du muret – un pied au sol, l’avant-bras sur la cuisse – s’évanouit le bruit de la circulation, le rendez-vous de 9h30, le fond de la mallette qui prend l’eau à vos pieds.
Viseur, cadrage, zoom sur son visage et les ombres que la lumière automnale prise dans ses mèches de cheveux cendrés y dessine. Son sac est au sec sur le muret.
« Vous visitez la ville ? » demandez-vous en lui rendant l’appareil.
« Non, non, pas du tout. »
Un petit signe de la main et elle s’éloigne, cliquetant sur des talons très hauts au bout de bottes interminables.
9h30, matin d’octobre. L’heure du rendez-vous est passée.
texte Eugénie Rambaud